C’est un Manfred Mann’s Earth Band en pleine forme qui faisait, ce mardi 19 octobre 2004, la première partie de Status Quo à Forest National. Dommage que nous n’ayons eu droit qu’à 50 minutes de prestation car, manifestement, le groupe s’amusait sur scène... Et ce bonheur était incontestablement partagé, ressenti par le public ( à deux jours près, nous aurions d’ailleurs pu entonner un "happy birthday to you" à l’adresse de Manfred "Michael Lubowitz" Mann, ce dernier devant fêter ses 64 ans le 21 !).
- Manfred Mann
- Mick Rogers
- Noel McCalla
- Steve Kinch
- Geoff Dunn
Les clins d’œil glissés à l’adresse du Quo par le riff de Caroline, et ensuite par celui de Smoke On The Water, hymne au hard rock s’il en est, constituèrent une autre preuve du plaisir manifesté par le band, soudé et bien rodé : Manfred Mann impérial devant ses claviers, Mick Rogers à la guitare, toujours aussi efficace et souriant, Steve Kinch, à la basse, et Geoff Dunn, à la batterie, formant une section rhythmique sans faille et enfin Noel McCalla au four et au moulin, c’est-à-dire au chant et à la "direction" du public !
Les tubes vont se succéder et l’ambiance s’amplifier : Spirits In The Night [1] de Springsteen en ouverture, suivi de Don’t Kill It Carol [2], Martha’s Madman [3], Demolition Man [4], Blinded By The Light [5], Davy’s On The Road Again [6] et le superbe The Mighty Quinn [7] de Dylan - qui fera dire à ce dernier que Manfred Mann était le meilleur interprète de ses chansons - pour terminer le set, accompagné en chœur par toutes les voix disponibles dans la salle !
Come all without, come all within,
You’ll not see nothing like the mighty Quinn.
Pas de Ha ! Ha ! Said The Clown au grand dam de certains... C’est à ce moment que l’on regrette vraiment que ce ne soit qu’une première partie et non un concert en tête d’affiche !
Et voilà le break, et l’occasion de se compter... Forest National n’est pas plein comme un œuf, c’est certain, mais très loin d’être vide. Estimation variable d’après les sources : 4000 d’après la police et... 6000 d’après les fans !!! Les sièges bâchés dans les tribunes sont compensés par la foule qui occupe le parterre, les allées, les accès. Il y a d’autres concerts pour rester assis !
Le matériel de Manfred Mann’s Earth Band une fois enlevé laisse apparaître totalement l’énorme pièce de tissu blanc masquant celui de Status Quo, décor à l’effigie de Parfitt & Rossi, saisis dans leur pose favorite, guitare en avant et crachant leur boogie à qui veut l’entendre !
- Francis Rossi
Le début des festivités est imminent, l’excitation monte d’un cran et l’électricité dans l’air devient presque palpable. Subitement, les brouhahas se muent en cris de joie quand éclatent, en version symphonique, les premières mesures de Pictures Of Matchstick Men, leur premier hit. Pas même le temps de prendre une bouffée d’oxygène que le gigantesque rideau semble disparaître tout seul alors que le Status Quo... apparaît, nous assassinant d’entrée de jeu par un Caroline des plus percutant.
Et c’est parti, bien parti avec la bande à Rossi : cinq gamins qui s’amusent et qui n’ont pas l’intention ne nous laisser respirer. C’est simple, basique, mais tellement bon. Ils rockent... on roll !
Trois, parfois quatre, guitares sur scène mais des milliers dans la salle car chacun tient maintenant une gratte dans les mains !
- John ‘Rhino’ Edwards
Ils enchaînent leurs chansons comme à la parade ... Something About You Baby I Like, Break The Rules, 4500 Times... La belle mécanique ne s’autorise aucun temps mort, pour notre plus grand plaisir !
Richard Parfitt mène la danse à sa manière, nous cisaille de ses riffs puissants, ne prenant même pas la peine de s’assurer que ses compères sont prêts à le suivre, tant leur cohésion est évidente. Rain, Hold You Back, All Stand Up... mais comment font-ils pour tenir la cadence ?
Personne ne le sait et tout le monde se contente de se gorger des solos juteux de Francis Rossi, du jeu de basse fantastiquement simple et précis de John ‘Rhino’ Edwards qui, avec son look de "baby-face" de... 51 ans, ne commet pas une note en trop et tient son rôle à la perfection. Tout comme Andrew Bown, aux claviers mais aussi à la guitare et à l’harmonica, et Matthew Letley qui officie aux drums depuis 2000.
- Richard Parfitt
- Matthew Letley
- Andrew Bown
Un concert du Quo, c’est également la fête aux Telecaster et Francis joue encore avec sa vieille, et maintenant légendaire, Fender verte... celle dans laquelle il avait foré un trou pour y faire passer le câble !
Le son est nickel, ni trop fort ni trop faible. Juste les décibels qu’il faut pour que leur musique puisse nous envahir et nous câliner les tympans.
Quant à leur matériel sur scène, il est d’une blancheur immaculée, des amplis aux jeux de lumière qui sont intégrés dans le mur de baffles, et cela semble encore renforcer cette cohésion. Avec plus de 35 ans de carrière, près d’une trentaine d’albums à leur actif, ils ont eu le temps de peaufiner la chose !
- Rick et Francis... Back to the past !
- Et avec quelques boogie de plus...
Solid Gold, The Oriental... Surprise à destination du groupe : des chapeaux pointus et des baguettes chinoises sont exhibés par le fan club français, alors que le fan club hollandais sort des éventails, des masques, des chapeaux chinois... ! Certains atterrissent sur scène, ce qui fait sourire Francis.
Le concert se poursuit au pas de charge et Rick caracole sur scène ! Caracole sur scène... ? N’a-t-il pas subi un quadruple pontage coronarien en 1997 ? OK, on sait que le rock conserve mais son chirurgien peut être fier de lui !
Creepin’ Up On You, Mystery Song Medley et même Gerdundula... Pas question de renier leur passé et encore moins de massacrer leurs anciennes chansons comme le font pas mal d’autres groupes... que du contraire et cela fait vraiment plaisir.
Andy Bown empoigne une guitare, pressé d’aller rejoindre les autres sur le devant de la scène, sur le bord de cette dernière... Soudain, les quatre guitaristes se mélangent les mains d’une incroyable manière, tout en continuant à jouer. Rossi et Rick se contentent dès lors de donner le rythme de la main droite, laissant le soin à John et Andy de jouer accords et solo sur les Fender des deux maîtres ! Impressionnant !
Big Fat Mama, Roll Over Lay Down, Down Down, Whatever You Want... un véritable feu d’artifice de rock ultra puissant, soutenu et martelé par le non moins puissant Matt Letley !
C’est avec Rockin’ All Over The World, la chanson de John Fogerty et qui devint l’hymne du concert historique du Live Aid en 1985, que le Quo quitte la scène. Et Rick d’en profiter pour mettre sur la tête un des chapeaux chinois. Pas bégueule pour un sou, le Quo, et affichant assez facilement une attitude anti-rock star... alors que “stars“, ils le sont jusqu’au bout des manches de guitares avec la barre des 100 millions de disques vendus largement dépassée.
Si Status Quo n’a sans doute pas inventé grand chose, ce que les critiques n’ont jamais manquer de rappeler en... méprisant le groupe, le moins que l’on puisse dire est qu’ils constituent les gardiens et les fiers défenseurs de la flamme du boogie, dans toute sa splendeur et sous toutes ses formes.
Mais alors qu’il aura disparu, on se souviendra encore très longtemps de ce nom : Status Quo ! Quant à celui des critiques... !?
Les applaudissements cadencés et le martellement des pieds font vibrer Forest National. Sur les côtés de la scène, quelques minces filets de lumières laissent deviner que la fête n’est pas finie. L’excitation redouble quand le Quo reprend possession de la scène, de sa scène.... Non, quand les cinq gamins reprennent possession de leur plaine de jeux ! Car ils reviennent tout sourire, pas l’air fatigué du tout et prêts à en remettre une couche, à nous flanquer une autre claque. Cela tombe bien : nous sommes prêts à tendre l’autre joue !
Et c’est reparti pour un dernier tour, sans supplément de prix... “Roulez jeunesse !“ L’album Piledriver est remis à l’honneur avec Paper Plane , suivi de Junior’s Wailing et de Rock’n’Roll... le sourire toujours largement affiché sur leur visage. Cela fait vraiment chaud au cœur de les voir encore s’amuser après autant d’années et combien de milliers de concerts ...
Hommage, pour terminer, au Maître Chuck Berry avec un Carol d’anthologie et Bye Bye Johnny, sur lequel le Quo nous tire sa révérence avant de saluer son public encore sous le choc de ces 120 minutes de Classic Rock qui semblent s’être écoulées en quelques secondes.
L’éclairage blafard de FN est rallumé. La fête est bien finie... les bras ne s’agitent plus, les pieds ne battent plus la mesure et les têtes ne balancent plus d’avant en arrière. Mais leur musique y résonne toujours...
Sous une apparente et parfois déroutante simplicité, qui masque le résultat de milliers d’heures de boulot et de plus de 35 ans de carrière, Status Quo nous a délivré un show sans faille, terriblement efficace et chargé d’une totale bonne humeur. Du grand Art et la preuve que c’est dans les vieux amplis que l’ont fait les meilleurs sons !
Copyright 2004 PATFRACA - SOFAM - All rights of the producer and the owner of the work reproduced reserved. Unauthorised copying, public performance prohibited.
Remerciements :
À Paul Coerten pour l’aimable autorisation de reproduction de l’une des photos extraite de son ouvrage "Golden Years - Rock 70/80", paru aux Editions Apach.
À Denis et à Frédéric.
À Aja Concerts.
À Doc. pour la play-list.
Au site Status Quo France et aux participants à son forum.
À Manfred Mann’s Earth Band et à Status Quo pour ce superbe concert !