Mike Sanchez est un grand ! Un tout grand, même !
Il apporte cette touche de fraîcheur et de folie qui, de nos jours, manquent tant au bon vieux rock and roll !
Citoyen de Birmingham, il aurait franchement pu naître à Pacoima, Los Angeles ou Dallas, c’est le frère caché de Ritchie Valens, le cousin germain de Chris Montez, le descendant naturel de Trini Lopez.
Multi-instrumentiste de talent, il donne à son show des allures de P. J.’s Hollywood tant sa simplicité, sa convivialité et son efficacité sont surprenantes. Il faut sans doute voir dans l’empathie instinctive et immédiate avec le public le secret de sa réussite. Mais qu’on se le dise, Mike Sanchez ne joue pas les vedettes et, par ailleurs, sa position solidaire au sein du band qui l’accompagne le rend, pour le surplus, éminemment respectable.
On ne peut, évidemment, clôturer ce portrait rapide du bonhomme sans parler de sa voix ! Cette voix géniale ronde et chaude, qui le classe tantôt dans la galerie des crooners, tantôt dans celle des latin lovers ou encore des divins rockers. Quand on réunit les trois pôles de cet organe de rêve, on peut résolument affirmer qu’il est sans équivalent sur le circuit, à l’heure actuelle !
- Mike Sanchez
- Andy Silvester
- Al Nicholls et Pete Cook
- Mark Morgan
- Al Gare
Le show démarre sur Ramblin’ Boogie, un instrumental qui ne laisse aucune once d’hésitation possible sur les intentions du garçon : ça va être chaud, chaud, chaud ! D’autant que l’enchaînement sans transition sur Lets Have A Party déclenche déjà dans la salle des murmures de satisfaction et des frémissements non feints de bonheur jubilatoire.
Même s’il est un peu grippé et qu’il se remet à peine de son anniversaire fêté la veille, Mike y va gaiement sans s’épargner. Dès l’entame, il se jette à corps perdu dans la musique qui l’absorbe, le sublime et le transcende littéralement.
Pour la petite histoire, j’ai noté sur mon carnet à spirales : salle confortable, public d’ âges variables et nanas agréables. Ce qui en français signifie qu’il y a du monde mais qu’on peut encore bouger un peu, que les spectateurs viennent de partout (même les vieux piliers verviétois comme Joel le Pépin, Jeannot de Dison et l’universel Bobby Winkin sont là, c’est dire...) et qu’il y a des spectatrices pas fatigantes à regarder... C’est d’ailleurs l’avis de Yannick, le maître du bar qui ne manque pas de goût et qui sert la Stella comme à Jupille. Je ne parlerai pas du Dr Boogie que tout le monde connaît mais je saluerai la présence intéressante du cousin Holly Dee de Uggly Buggy Boys et du brave René Stock décidément dans tous les bons coups...
Passé Girl All Over The World déjà bien, un grand moment d’incandescence a ravagé le Seize avec l’enchaînement successif de titres bouillants comme Kiddio (ouh là là !), Shirley (maman, je meurs de joie !), Voodoo (oh Lord, that’s too much...) et Pink Champagne très jazzy.
J’oublie de dire que pour ces deux derniers titres, nous vîmes apparaître la (très, très) jolie Imelda Clabby qui, de plus, chante divinement mais n’est sans doute pas du genre à faire la vaisselle à la maison ! Cabotine en diable, l’œillade ravageuse, elle sait qu’elle plaît la Miss et ne se prive pas d’en jouer habilement.
- Imelda Clabby
Andy Silvester, le guitariste, dispose d’un pedigree impressionnant (Savoy Brown et Chicken Shack, entre autres). C’est un vieux complice pour Mike Sanchez puisqu’ils ont partagé la mise sur orbite des Big Town Playboys. Il a, entre autres qualités, une véritable propension à jouer utile. Pas d’esbroufe chez ce grand musicien mais une efficacité maximale et exemplaire. Il nous sort le grand jeu (très attendu apparemment) pour Well Baby et rééditera d’ailleurs à plusieurs reprises ce genre de sortie, au cours de la soirée, pour le plus grand bonheur d’un public en délire.
Petite transition avec Vacations Over avant le gros son de Mellow Saxophone... tous sax dehors bien entendu. C’est le moment que choisit Imelda pour rappliquer et épicer encore un peu plus un morceau déjà franchement pimenté.
Till The Well Runs Dry permet, cette fois, au bassiste d’y aller d’un numéro énorme avec la complicité d’Imelda, du public et d’un Mike Sanchez de plus en plus taquin et de plus en plus à l’aise.
Je n’ose pas vous décrire mon état au démarrage de Be My Guest et surtout à l’arrivée juste après Hurtin Inside (titre évocateur s’il en est) et Louie Louie à tomber là ! D’ailleurs je chus sur une Stella mal placée mais tellement bonne à finir !
Happy Pay Day et le sublime Down The Road A Piece clôturèrent dans l’ambiance qu’on devine, une première partie de près d’une heure trente passée à la vitesse du son (c’est le cas de le dire) sans faiblesse ni temps morts.
Clin d’œil très pro à la reprise sur Down The Road in C et nouveau moment de bonheur indescriptible aux premières notes de It Will Be Me.
Le band fonctionne comme un seul homme, pas la moindre hésitation dans les changements de ton ou de rythme, aucune impression de recherche entre les musicos. Ils se trouvent les yeux fermés sous la conduite d’un chef sûr de lui, souple et opportun (Mike Sanchez, of course...). La paire de sax mène un train d’enfer : Pete Cook et Al Nicholls, pour ne pas les citer, colorent l’atmosphère d’un son ample et chaud, nerveux et décidé qui assure à certains moments plus de cinquante pour-cents du rendement rythmique. Ajoutez-y un batteur de la trempe de Mark Morgan et un bassiste ravageur comme Al Gare et vous décollez instantanément pour la planète lovely beat & rumble for ever !!!
J’ai complètement craqué avec Coalminer, vraiment ! Quelle grande chanson, quelle version sublime ! Un tempo irracontable, une voix et des chœurs fabuleux, de la cohésion, du punch et du feu. Ce fut, pour moi, un des pics incontestables de la soirée avec le Memphis Tennessee qui suivit et plus loin un incroyable Lawdy Miss Clawdy comme on n’en fait plus (voir set list ci-après).
À ce moment du show on croit rêver. C’est une synthèse absolue de tout ce que le rythm-rock and blues contient de fort et d’unanime. Un merveilleux passage en revue du swing parfait et une exceptionnelle mise en phase de la salle et du groupe. On eut même droit à des incursions étonnantes dans le Mashed Potatoes...
Quelques joyaux encore : Miss You So sous la conduite d’une géniale Imelda Clabby, Shake Your Hips, pareil et If I Can’t Have You superchaud et superbeau. Que dis-je ? Monstrueusement beau !!!
Au risque de pasticher John Landau, je peux dire que j’ai vu, ce soir, mon passé rock and roll apparaître devant mes yeux en un éclair et que j’ai rencontré le rock and roll d’un siècle et d’un millénaire naissants, son nom est Mike Sanchez !!!
She’s Gone Away vaut son pesant de carats et Red Hot Mama mériterait au moins un Spirit Award.
Deux danseuses amatrices montent sur scène pour un final éblouissant (pas grâce à elles, je précise tout de suite) dans lequel on retrouve avec des larmes d’allégresse les signatures de Good Golly Miss Molly ou Surfin Bird et l’invraisemblable Let The Good Times Roll réellement hors normes, gigantesque, quoi !!! C’est le moment que choisit Mike pour placer la présentation des membres du groupe dans un feu d’artifices supermaximégagéant !!!
Cerise sur le gâteau Tallahassee Lassie de Freddy Cannon (un peu piquée par ses producteurs Bob Crewe et Franck Slay) met définitivement tout le monde d’accord : Mike Sanchez est capable de tout, il en a sous la pédale pour faire les 12h de Sebring ou les 24h de Daytona, il peut nous emmener où il veut et quand il veut, ce gars mérite un tout grand coup de chapeau. Il peut même nous chanter le bottin de téléphone, on s’en fout, c’est trop bon.
Dernière chose, sur le dernier CD du gaillard Women and Cadillacs , on trouve un titre caché (#16). C’est un véritable mini-concert live après l’enregistrement de l’album. Je ne connais rien de mieux pour celles et ceux qui voudraient vraiment savoir qui est Mike Sanchez.
Qu’on se le répète à l’envi : c’est un tout grand !!!
Didier DIRIX
Je pensais réaliser la préface du présent article, mais à tout seigneur tout honneur et Didier, avec la verve et le talent qu’on lui connaît, rend superbement compte du concert et de l’ambiance incroyable qui y régnait... Je ferme donc le ban avec quelques détails et éclairages plus persos. De toute manière, on n’est pas trop de deux pour commenter un match... euh... un concert de Mike Sanchez .
C’est vers 18 heures que Françoise et moi sommes arrivés au Spirit of 66. Mike et Francis sont sur la scène, occupés à installer le matériel. Nous sommes heureux de les retrouver et le sentiment est manifestement partagé. Embrassades et nous souhaitons à Mike un heureux anniversaire, avec un jour de retard. Mais Francis est à la bourre, c’est manifeste ! Mike et le groupe sont seulement présents depuis une heure, le matos toujours en déballage, et forcément aucun réglage effectué ! Mike, comme toujours, garde son flegme et ne s’énerve pas (je finirai même par me demander si l’énervement des autres ne le calme pas !). Il nous présente les membres de son band car c’est la première fois que nous les rencontrons : la délicieuse Imelda Clabby, Andy Silvester, Al Gare, Mark Morgan, Al Nicholls, Pete Cook. Ce dernier parle assez bien le français, alors qu’il nous dit ne plus l’avoir pratiqué depuis une dizaine d’année. Mike leur a déjà parlé de nous et de nos "aventures" communes, ce qui facilite immédiatement le contact.
- Françoise et Mike
- Sound-check
Tous ont l’air assez fatigués... Ils ont en effet quitté Birmingham à 3 heures du matin. Plus de 13 heures de route, parfois sous les bourrasques de neige. Partant en pleine nuit, et de plus conduisant, Mike n’a pas pu fêter son anniversaire "comme il se doit" ! De plus, il a mal de gorge. Qu’à cela ne tienne, le "docteur" Françoise lui donne un comprimé à sucer... Je crains le pire, Mike changeant de couleur et s’exclamant : "c’est quoi ce truc... ???", avant de revenir à une teinte normale !
Francis s’affaire de plus belle et presse le rythme, façon de parler puisque les instruments ne sont pas branchés, afin de pouvoir effectuer le sound-check ! Rapidement, il passe derrière la console. Essais et réglages claviers, guitares, batterie, basse, voix... et lumières. En une bonne demi-heure, tout est au point.
- Le Grand maître du Temple derrière son autel : Francis "Spirit" Géron
Le traiteur a livré les repas et nous passons à l’étage. Mike a préféré aller se reposer quelques dizaines de minutes. Nous faisons plus ample connaissance avec les musiciens. Seule femme parmi eux, Imelda est heureuse de pouvoir parler avec Françoise. Cela la change du quotidien des tournées.
Elle est Irlandaise, originaire de Dublin. Nous évoquons Rory Gallagher, et les cérémonies qui auront lieu cet été à Cork pour le dixième anniversaire de sa disparition... Les conversations se poursuivent et ce sont eux qui nous interrrogent, veulent savoir ce que nous faisons, comment nous avons connu Bill Wyman, Mike... Et voilà justement qu’il réapparaît, avec un petit creux... et un gros souci : qui va vendre ses CD et DVD ? Impossible pour Patricia, l’épouse de Francis, qui a déjà assez de boulot avec les entrées, le vestiaire (surtout par un temps pareil), les jetons pour le bar... Françoise s’en occupera.
- Le magasin est ouvert...
20 heures. Les portes du 66 s’ouvrent et les premiers spectateurs pénètrent dans le Club, tout comme l’air glacial... qui ne va pas le rester longtemps ! Il est l’heure de descendre dans les loges, afin de... monter sur scène !
Françoise commence la vente et je prends position au pied de la scène.
Et c’est vers 21h30, ce vendredi 18 février 2005, que les planches du 66 vont accueillir l’un des concerts qui restera à jamais dans les annales, tout comme dans les mémoires : Mike Sanchez and his Band !
Un concert qui va, durant près de trois heures, crescendo et dont le bouquet final consiste en un langoureux Happy Birthday to You interprété magistralement par Imelda et repris en chœur par tout le Club. Aucune comparaison avec le même titre chanté pour le président Kennedy par Marilyn Monroe au Madison Square Garden le 19 mai 1962. Comment... je suis de mauvaise foi ? Absolument pas, la meilleure preuve étant que Kennedy cessa définitivement, après cette soirée, toute relation avec Marilyn alors qu’Imelda fait toujours partie du band !
Minuit trente... C’est terminé. Les jambes sont tremblantes, les bras ballants, les yeux exorbités et les langues... pendantes !
Il faut redescendre sur Terre... et certaines danseuses des banquettes et des tables ! Quant à Françoise, elle semble, comme Vishnu, avoir quatre bras tant elle s’agite pour servir les acheteurs de CD, de DVD, ceux qui désirent une photo, un poster... C’est la curée !
Mike, tout comme Imelda et les autres musiciens, vont réapparaître quelques minutes plus tard, se mêlant au public toujours présent, acceptant de poser pour les photos, répondant aux questions. Tout cela est bon enfant, naturel et devenu tellement rare ! Mike va dédicacer durant plus d’une heure. Francis, qui en a vu d’autres, est aux anges.
Il est près de 3 heures quand, en compagnie de Didier, nous abandonnons Francis et le 66 afin de regagner, sous la neige, l’hôtel. Devant parcourir près de 200 km, Mike veut reprendre la route vers les 9 heures, mais nous le connaissons... N’empêche, la nuit sera courte !
Et, effectivement, quelques heures plus tard, Mike est le dernier à nous rejoindre au petit déjeuner que Françoise et moi partageons avec Didier. Nous faisons le point sur nos futures collaborations... le poids des mots, le choc des photos ! Didier nous quitte et Mike s’assied à notre table. Nous parlons de ses prochaines dates de concert, du groupe, qu’il aura du mal à réunir à chaque fois car les tournées se sont précipitées alors que certains avaient déjà d’autres engagements, de Bill Wyman et des Rhythm and Kings,...
Une demi-heure plus tard, nous quittons l’hôtel, chargeons les bagages. Mike consulte sa chek-list et l’itinéraire. Tout est paré. Il est l’heure des au revoir et non des adieux, car nous nous sommes déjà fixés quelques dates pour de rapides retrouvailles.
Nous ouvrons le chemin à leur camionnette et montons sur l’autoroute, direction Liège. J’enclenche brièvement les feux de détresse en guise de salut et Mike nous fait quelques appels de phare. J’accélère et l’écart entre les véhicules se creuse. Nous sommes pris, une dizaine de kilomètres plus loin, dans d’importantes averses de neige qui m’obligent à ralentir. Quelques minutes plus tard, la camionnette nous a rejoint et nous dépasse, filant à 140 km/heure sous la tempête ! Ils sont fous ces Bretons, n’est-il pas ?! Nos routes se séparent définitivement à la hauteur de l’échangeur de Loncin. Nous filons vers Bruxelles alors qu’ils rejoignent la France.
Dans quelques heures, les habitants d’Aulnoye-Aymeries, près de Maubeuge, vont savoir de quel rock’n’roll se chauffe Mike Sanchez !
Patfraca
© Textes : Didier Dirix & Patfraca - © Photos : Patfraca
Biographie de Mike
SET LIST
1st Part
Ramblin Boogie
Lets have a party
Girls all over the world
Kiddio
Shirley
Voodoo
Pink Champagne
Well Baby
Vacations Over
Mellow saxophone
Till the well runs dry
Be my guest
Hurtin’ inside
Louie Louie
Happy Pay Day
Down the road a piece
2nd Part
Down the road (Smiley) in C
It’ll be me
Companion Blues
Sapphire
I’ll go crazy
Matchbox
Coalminer
Memphis Tennessee
Miss you so
Shake your hips
Lawdy Miss Clawdy
Reelin & Rockin
If I can’t have you
My Man
She’s gone away
Red Hot mama
Encore
Let the good times roll
Tallahassee Lassie
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