C’est une AB en configuration Box, c’est-à-dire uniquement le rez-de-chaussée de la grande salle accessible, qui accueillait ce vendredi 10 décembre le plus politisé des rockers américains, j’ai nommé Steve Earle.
Petite déception donc car, pour son dernier passage dans cette même salle en avril 2003, il y avait beaucoup plus de monde.
Jerusalem, l’album qu’il présentait alors, était pourtant à peine moins engagé car écrit suite aux événements du tristement célèbre 11/9. La guerre venait de commencer en Irak et c’était donc un Steve Earle plus révolté que jamais que nous avions pu applaudir ce soir-là.
Cette fois, le Texan est venu nous présenter son dernier opus, The Revolution Starts... Now, écrit dans l’urgence afin qu’il paraisse avant les présidentielles américaines. But avoué : faire réfléchir les électeurs avant "l’élection présidentielle la plus importante de l’histoire des États-Unis".
Après une première partie, d’une petite trentaine de minutes, assurée par la divine Allison Moorer, que le maître en personne accompagne à la mandoline le temps d’une chanson, un rap révolutionnaire résonne dans la salle avant l’entrée sur scène d’un Steve aminci et imberbe, accompagné de ses fidèles Dukes.
- Allison Moorer
Le concert commence, comme l’album, par la chanson-titre The Revolution Starts...
D’emblée, je me demande si j’ai bien fait de me mettre au premier rang car, si je verrai très bien Steve ce soir, il est probable que je ne l’entendrai pas beaucoup chanter. En effet, le bougre joue toujours aussi fort et le son de l’ampli de sa guitare étouffe complètement sa voix aux abords de la scène.
Après le premier morceau, un « comique » dans la salle demande déjà Copperhead Road... " Fuck you ! " lui répond gentiment Steve Earle. "Je le jouerai probablement mais tu seras déjà parti depuis longtemps à ce moment-là", rigole Steve "Et si je ne le joue pas, ce sera sa faute" conclut-il en prenant le public à témoin et en pointant du doigt le spectateur.
Le ton est donné, le rebelle est en forme !
La set-list sera partagée entre anciennes chansons et titres plus récents, tirés essentiellement de ses deux derniers albums.
La belle Allison agrémente quelques morceaux, dont Conspiracy Theory, de sa présence et de sa voix.
Steve parle toujours autant et... toujours avec cet accent qui rend tous mes cours d’anglais bien futiles.
Je capte quand même l’essentiel du message qu’il est venu délivrer ce soir. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Steve Earle, et nombre de ses compatriotes qui n’ont pas voté pour W, demandent à l’Europe "qui a acquis beaucoup d’influence et bien plus vite que prévu" de manifester pour mettre fin à la guerre en Irak. C’est cette guerre, qui le révolte toujours autant, qui lui a inspiré Rich Man’s War car "on y envoie des gamins désœuvrés dont c’est là le seul moyen de trouver un job". Désabusé, il nous présente aussi ses excuses pour le résultat des présidentielles, ne cachant pas son amertume et sa désillusion après avoir travaillé aussi dur pour le camp démocrate.
Christmas In Washington - audible car jouée en acoustique - soulignera ses propos : le monde a besoin de héros et Woody Guthrie était l’un d’eux pour Steve Earle, même si "on n’arrête pas la guerre en écoutant des chansons, mais peut-être en les chantant".
Finissant la plupart de ses morceaux avec le poing levé, le singer songwriter, comme il se définit, nous a offert un concert énergique - le Revolution des Beatles était parfait - et ponctué de moments plus intimistes durant lesquels on a pu apprécier le timbre de sa voix.
- Allison Moorer, Steve Earle & The Dukes
Après avoir interprété Copperhead Road, il dit au public : "Allez, laissez-le partir maintenant", en regardant à nouveau en direction du « comique ».
Le concert s’achève, comme le disque, par la reprise de The Revolution Starts Now.
Lors des rappels, Allison interprète encore Isn’t It A Pity de George Harrison et Steve nous donne la recette pour contrer le "Post election blues" : 1° quitter le pays, 2° tomber amoureux, 3° chanter un bon vieux Rolling Stones tous les soirs. Ce soir, ce sera Sweet Virginia.
Irons-nous manifester dans les rues en chantant The Revolution Starts Now ? Si nous étions bien peu de révolutionnaires ce vendredi soir à Bruxelles, les amateurs de rock, quant à eux, auront été comblés par ce concert intense.
Une petite observation, pour conclure. Steve Earle, le rebelle, a quand même eu la gentillesse de dédicacer la discothèque complète apportée par des fans sans gêne qui l’attendaient à la sortie. À sa place, je n’aurais signé qu’un disque par personne et j’aurais dit "Fuck you !" à ceux qui exagéraient. Mais Steve Earle devient peut-être vieux et c’est lui qui le dit... "Maybe I am getting old."
Marc Vander Jeught
- Steve n’a pas dédicacé que des disques !
© Texte : Marc Vander Jeught
© Live Pics Courtesy Steffen Paulus... Thanks a lot friend !
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Steve Earle... Official
Steve Earle... The Original Unofficial Steve Earle Site
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